MEYER, M.,
Rome et la naissance de l'art Européen. Peinture, littérature, architecture et sculpture.
Arléa, Paris, 2007. 209p. ills.(line drawings and B&W photographs). Paperback. With gift intention from the author. Nice copy. 'Invitant à rendre aux romains ce qui leur appartient, Michel Meyer offre un regard neuf sur les œuvres créées à Rome, non plus perçues comme seulement héritières de l’art grec, mais inventives, nouvelles et spécifiquement romaines en ce qu’elles expriment un autre mode de penser le moi, le monde et les dieux. Non copie d’une grandeur grecque inégalable, mais moment artistique qui témoigne d’une rupture 'entre un monde qui s’achève et un autre qui commence', moment qui nous touche directement car vient s’y enraciner notre modernité, l’art romain nous tendrait ainsi notre vrai miroir, à contempler sans l’a priori d’une préférence grecque, pour ce qu’il est en lui-même et non pour y chercher, glissé sous le tain, l’image ensevelie d’un original grec, inégalable beauté attique. (...) C’est, en effet, la puissance politique de l’art romain que souligne Michel Meyer, analysant, à travers les jeux de disproportion dans la représentation, le pouvoir rhétorique de l’image romaine, fondée avant tout sur l’ethos (personnalité oratoire, qui confère l’autorité), peut-être la plus importante des preuves, selon Aristote dans sa Rhétorique, même si Michel Meyer insiste sur l’articulation entre les trois composantes rhétoriques ethos, logos (le message lui-même) et pathos (les passions de l’auditoire) en vue de faire surgir une conscience problématologique nouvelle. Il s’agit alors d’envisager l’œuvre d’art comme le révélateur d’accélérations historiques rendant caduques les anciennes réponses et exprimant l’émergence de questions. La spécificité rhétorique de l’art romain tiendrait à la prépondérance éthique: focalisation sur l’ethos, le soi, identité politique qui construit les différences au sein de la cité. Il n’y aurait donc pas simple translation artistique d’Athènes à Rome, mais bien invention d’un art éminemment politique, non essentiellement préoccupé par la différence entre l’humain et le divin, exprimé chez les Grecs dans le logos. Plus encore, les dieux trouveraient une place dans la cité romaine, 'hommes de pierre', ils accompagnent la vie quotidienne, tandis que le l’empereur se trouve divinisé, confusion féconde qui assure la proximité du divin, l’expression de la transcendance, et prépare ainsi l’avènement du christianisme. Le regard porté par les Romains sur les modèles grecs favorise une re-création originale, détachée de l’idée de culte, forme d’art pour l’art antique qui fait glisser d’un mode représentatif, d’une simple mimesis (imitation), à un mode expressif visant l’impact rhétorique, montrant l’ethos, le caractère, dans sa dimension pragmatique, articulant non des valeurs (logiques) mais des vertus (incarnées, agissantes). Cette dominante éthique se retrouve aussi bien en architecture qu’en peinture et en sculpture: ainsi 'le langage des arts se figurativise'. (...) Analysant ainsi en détail la valeur symbolique des constructions géométriques, Michel Meyer nous livre un regard rhétorisé, qui fait pour ainsi dire parler d’une nouvelle voix la pierre romaine.' (FLORENCE BALIQUE, Acta Fabula, vol.8, document 3683). From the library of Professor Carl Deroux.
€ 21.50
(Antiquarian)