GUIETTE, R.,
La Légende de la Sacristine. Étude de littérature comparée.
Ancienne Honoré Champion, Paris, 1927. 554p. Half cloth bound. Spine gilt titled. Marbled bookplates. With signature from Prof. Carl Deroux on free endpaper. Nice copy. ‘La plus grosse partie du volume (…) est consacrée à la documentation, à ce que l’auteur appelle ‘les matériaux’: documentation abondante, matériaux de toute provenance. (…) Du moyen âge à la période contemporaine, c’est un imposant ensemble de plus de deux cents numéros que nous trouvons, pour la première fois réunis. (…) M. Guiette distingue le thème essentiel de la légende (la substitution de la Vierge Marie à une religieuse fugitive), dont on retrouve la plus ancienne rédaction latine dans le ‘Dialogus miraculorum’ de Césaire Heisterbach, et le thème secondaire (dit du miracle préventif), popularisé par Gautier de Coincy. Ce thème secondaire n’a guère de valeur dans sa forme indépendante (…). Touchant le thème essentiels, au contraire, la moisson est riche; versions latines, dont les principales s’apparentent au Dialogue: leçons en ancien français, du type ‘Vies des Pères’; autres textes romans (…); rédactions néerlandaises (parmi lesquelles il convient de citer ‘Beatrijs’, un des plus purs joyaux de la littérature médiévale) (…); et jusqu’à des traductions orientales même, il y a là, pour le moyen âge seulement, près de cinquante représentants de la légende, que l’auteur analyse successivement avec une méthode très sûre, un esprit critique particulièrement averti, et j’ajouterai un talent d’exposition qui empêche de sentir l’ennui d’une énumération fatalement monotone. (…) M. Guiette fait partir les temps modernes de la seconde moitié du XVIe siècle. Ici, l’ordre chronologique a été adopté. Ce qui frappe, au premier abord, quand on examine cette partie du travail. C’est l’extrême popularité de la légende. (…) L’aventure de la sacristine redevient à la mode dès la fin du XVIIIe siècle: et c’est alors une incessante floraison de rifacimenti, quelques-uns, - ceux de Nodier, de Gottfried Keller, de Villiers de l’Isle-Adam, de Maurice Maeterlinck, de P.C. Boutens, de Herman Teirlinck, - dignes de toute notre estime. (…) J’en viens maintenant au livre II (Histoire de la Légende). (…) [Pour M. Guiette] ‘la sacristine’ est une légende, - et non pas un conte, - en ce sens qu’on y croit, que le moyen âge y a cru: ‘légende merveilleuse, religieuse, cléricale, morale, populaire et internationale.’ Cette légende appartient au groupe des ‘Miracles de Notre-Dame’, ou plutôt elle rentre dans le cadre de la dévotion à Marie, dévotion à la fois si répandue et si audacieusement naïve en ces siècles de ferveur. M. Guiette insiste avec infiniment de raison sur le thème du repentir. (…) J’ai particulièrement goûté le chapitre consacré à la forme organique de la légende. (…) La discussion serrée à laquelle s’est livré l’auteur à propos des théories de Keller (principe de naïveté), de Antti Aarne (procédé comparatif) et de M. Bédier (examen de la partie constitutive du conte) me paraît d’une excellente venue. (…) Le chapitre VI intéressera particulièrement les philologues. (…) Le dernier chapitre nous présente, une rétrospective pleine d’intérêt (…). Je ne dirais volontiers que du bien de ce travail consciencieux.’ (FERNAND DESONAY in Revue belge de Philologie et d’Histoire, 1928, pp.1067-1073). From the library of Prof. Carl Deroux.
€ 65.00
(Antiquarian)